
Depuis le printemps 2025, la sphère Social Ads est chamboulée par une refonte majeure du moteur publicitaire Meta : Andromeda. Derrière ce nom, une nouvelle génération d’intelligence artificielle, dopée aux super-processeurs du constructeur NVIDIA et bâtie sur des technologies propriétaires, qui rebat les cartes de l’acquisition digitale.
Une mutation technologique sans précédent
Jusqu’ici, la performance publicitaire sur Meta reposait sur des algorithmes optimisant la diffusion (ciblage, enchères, signaux, etc). Mais Andromeda va plus loin : plutôt que de sélectionner une publicité parmi celles pré-sélectionnées pour un internaute, la plateforme scanne désormais en temps réel tout l’inventaire et choisit précisément la plus pertinente pour chaque bref instant du parcours utilisateur.
Ce changement de paradigme s’appuie sur :
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Une explosion de puissance de calcul, permettant d’analyser jusqu’à 10 000 fois plus de publicités simultanées qu’avant la mise à jour. (Source : Meta)
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Une prise en compte démultipliée des signaux comportementaux, de la qualité des créas, des paramétrages de campagne et de la “catégorie de message” derrière chaque publicité.
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Un “sequence learning” : là où l’ancien système observait surtout le comportement immédiat, Andromeda analyse la séquence complète d’actions sur le long terme (jour, semaine, mois), intégrant l’évolution du parcours d’achat et l’historique d’attention.
En clair, Meta ne se contente plus d’être un bibliothécaire tirant le livre qui semble correspondre à la requête du moment ; elle devient l’IA prédictive qui connaît déjà les goûts, le timing et propose la meilleure “histoire publicitaire” à chaque utilisateur. Fonctionnement de l’algorithme Andromeda - Source : Meta
Quel impact dans la structure des campagnes ?
Premier changement concret : le media buying classique (segmentation d’audiences, micro-gestion des placements et budgets) perd de sa pertinence. L’ère est à la consolidation : Andromeda apprend mieux sur de gros volumes de données consolidées. Cela explique pourquoi Meta poursuit plus que jamais sa recommandation de réduire le nombre de campagnes et de groupes d’annonces. Un mot d’ordre : simplifier.
Les structures fragmentées, multipliant les ad sets ou diffusant des dizaines de créas avec des micro-variations (couleur de bouton, légère modification de wording ou de pictos…) sont désormais sous-performantes. Ce qui prime, c’est de réduire le nombre de campagnes publicitaires. Idéalement une par objectif, pilotée au CBO (optimisation du budget de la campagne) et une audience large.
“Creative is the new targeting”
Andromeda bouleverse la hiérarchie des signaux : le moteur ne comprend plus prioritairement le ciblage ou le budget, il comprend les créas. Chaque visuel, vidéo, copy, chaque scroll-stop, envoie à Meta une information sur “qui doit voir cette publicité et pourquoi”. Ce signal est central, car plus stable et riche que le ciblage utilisateur traditionnel.
Cela a des conséquences opérationnelles directes pour les annonceurs :
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Mettez votre machine créative à l’épreuve. Multipliez les types de contenus (UGC, interviews, micro-trottoirs, concepts humoristiques, témoignages…).
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Variez les angles pour toucher toutes les facettes de vos personas, à différents stades de maturité.
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Oubliez les déclinaisons mineures, privilégiez la diversité réelle.
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Assurez-vous d’avoir un flux créatif constant, apte à nourrir l’algorithme à chaque cycle.
Une bonne organisation et des échanges réguliers entre ceux qui pilotent les campagnes et ceux qui créent le contenu est donc plus que jamais une des clés de la performance Social Ads.
Les aspects techniques et la gestion des données
Autre impact d’Andromeda : la qualité des signaux de tracking (Pixel + API de conversion) gagne en importance. Un tracking incomplet ou non optimal fausse l’apprentissage de l’IA et brouille le message. Seuls les annonceurs disposant d’un back-end propre (tracking, exclusions, signaux server-side) bénéficient pleinement du potentiel d’Andromeda.
Attention également à la segmentation acquisition / fidélisation : sans gardes-fous (exclusions des acheteurs, clients actifs), l’algorithme privilégie souvent les “low hanging fruits” (ventes aux anciens clients), gonflant artificiellement les résultats plateforme sans croissance réelle de nouveaux clients. Il faut donc suivre ses performances de manière globale.
Mesurer la performance à l’ère d’Andromeda
Les métriques plateforme Meta (ROAS, COS, CPA) ne suffisent plus pour piloter la croissance. Ce sont des métriques d’arbitrage intéressantes, mais limitées. Prenez d’abord en compte des KPIs globaux tels que :
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MER (Marketing Efficiency Ratio) : revenus totaux / dépenses publicitaires.
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nCAC (New Customer Acquisition Cost) : coût d’acquisition d’un nouveau client.
Si vous voulez aller plus loin sur le sujet de la mesure, nous l’avons détaillé dans cet article.
Retours terrain et premières tendances
Les premiers retours du marché convergent : les comptes très consolidés sur Meta Andromeda surperforment les structures fragmentées. Les marques capables d’alimenter l’IA en concepts créatifs et en signaux de qualité voient leur croissance décupler, tandis que les approches traditionnelles peinent à s’adapter à la volatilité des nouvelles métriques (ROAS variant parfois de ±40% d’une journée à l’autre).
L’acquisition devient une bataille d’attention, non d’audience. Avec Andromeda, Meta s’inspire de la logique Performance Max de Google, mais fait du contenu publicitaire le véritable levier d’efficacité.
Conclusion : s’adapter ou subir ?
Meta Andromeda impose un tournant dans la gestion des Social Ads. Pour les media buyers, le cap est clair : travailler les créas, nourrir l’algorithme, structurer ses comptes intelligemment et investir dans la qualité des signaux. L’époque de la micro-optimisation est révolue ; place à la créativité stratégique et à la mesure business globale.