
Depuis le 28 juin les nouveaux sites mis en ligne doivent respecter les normes d’accessibilité du référentiel RGAA. Si vous êtes passé à côté de l'information, nous vous en parlions il y a quelques semaines.
Devant cette obligation et le travail que cela demande, certains se tournent vers des alternatives plus simples d’accès : des surcouches d’accessibilité sous forme de widgets, qui se branchent sans effort sur les sites.
Alors de quoi s’agit-il exactement ? Ces solutions permettent-elles de respecter tous les critères du RGAA et d’être conforme à la loi ? Et sont-elles vraiment si bénéfiques pour les utilisateurs concernés ?
Comment fonctionne une surcouche d’accessibilité ?
Concrètement, les internautes ont accès à un widget pour modifier des paramètres liés à leur handicap. Par exemple, l’outil Lisio propose des solutions pour :
-
Le daltonisme : en fonction du type de daltonisme, les couleurs du site sont adaptées pour permettre une meilleure lisibilité.
-
La dyslexie : les textes du site sont tous affichés avec une typographie étudiée pour faciliter la lecture.
-
La DMLA, Presbytie, Cataracte… : l’affichage et la taille des éléments sont adaptés aux défauts de vision. Il s’agit de réglages standardisés, non adaptés à la perte de vision de chaque individu.
-
La synthèse vocale : les contenus du site sont lus par une voix de synthèse.
A première vue, ces paramètres sont adaptés à différents handicaps visuels, cognitifs, et parfois moteurs. Mais ils sont loin de couvrir l’intégralité des critères du RGAA.
Les critères du RGAA non couverts par ces surcouches
Si on regarde les exigences d’accessibilité du RGAA, on identifie rapidement des critères qui ne sont pas couverts :
-
Daltonisme :
Malgré la présence d’un filtre pour chaque type de daltonisme, certains fonctionnels resteront incompréhensibles.
Prenons l’exemple ci-dessous, où un “switch” utilise le vert et rouge pour faire passer une information. Même avec un filtre censé être adapté à la deutéranopie (daltonisme rouge-vert, qui concerne 1% des hommes), le message ne passe pas.
Dans cet exemple, il est indispensable d’ajouter des pictogrammes ou du texte pour faire passer l’information, et ces surcouches ne le font pas.
-
Cécité :
Une personne ne pouvant pas voir utilisera un lecteur d’écran, qui exige un balisage précis de chaque élément d’une page web et des textes alternatifs pour décrire les images. Les surcouches ne permettent pas de résoudre correctement cette problématique.
-
Défaut d’audition ou surdité :
Les médias sonores ou vidéos seront partiellement ou totalement incompréhensibles s’ils ne proposent pas des sous-titres ou une alternative textuelle.
Cela doit être fait par l’éditeur du site, les surcouches d’accessibilité ne peuvent pas enrichir ces contenus.
-
Handicaps moteurs :
Certaines personnes ne sont pas en mesure d’utiliser un ordinateur ou un smartphone et devront utiliser des équipements spécifiques pour interagir avec. Ceux-ci sont très variables selon la nature du handicap : claviers virtuels, dispositifs de pointage particuliers, eye-tracking, boutons uniques (contacteurs).
En aucun cas, ces outils de surcouche ne remplacent des équipements spécialisés.
La liste s’étend à un grand nombre de cas particuliers, qui ne peuvent pas être réglés par le simple ajout d’un plug-in.
La Commission Européenne ainsi que la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique, en France) ont signifié qu’aucun outil de surcouche d’accessibilité ne permet de rendre un site accessible ou conforme à la norme RGAA, ni même de répondre aux obligations légales d’accessibilité.
Les autorités et les associations compétentes sur le sujet s’accordent pour dire que l’accessibilité doit être intégrée nativement à un site, et non à l’aide d’un widget.
Les surcouches d’accessibilité sont-elles une bonne pratique ?
Il est important de noter qu'au-delà de la conformité avec la loi, ces surcouches sont pointées du doigt par les personnes concernées et les spécialistes du sujet :
-
Ces options exigent d’ouvrir un widget et de parcourir des onglets, avant de pouvoir les activer : elles seront ainsi inaccessibles pour certains.
-
Les scripts supplémentaires ajoutés au site risquent de diminuer les performances de chargement.
-
Et surtout, les personnes en situation de handicap utilisent souvent déjà des technologies d’assistance sur leur appareil. Or, les widgets d’accessibilité entravent trop souvent le fonctionnement de ces outils, allant à l’encontre de leur objectif initial.
Il est donc fortement déconseillé d’utiliser ce genre de solution, même si elles semblent être une bonne manière de faciliter l’accès à son site.
Quelle marche à suivre pour être en conformité ?
L’obligation légale d’avoir un site conforme au RGAA depuis le 28 juin concerne les nouveaux sites, mis en ligne à compter de cette date.
En revanche si votre site a été mis en ligne avant cette date, vous avez un délai supplémentaire de 5 ans pour le modifier ou publier un nouveau site conforme.
Votre prochaine refonte de site sera donc une étape clé à passer, avec la nécessité de respecter les critères d’accessibilité web. On peut découper ce travail en plusieurs étapes :
-
Intégrez ce sujet dès le cahier des charges de votre futur site.
-
Préparez des wireframes et maquettes qui respectent les critères liés à l’interface (lisibilité, contraste, couleurs…)
-
Assurez un développement conforme. Le développement est sans doute l’étape la plus importante, puisqu’un grand nombre des critères relèvent de la manière dont le site est structuré et mis en forme.
-
Intégrez vos contenus avec soin : assurez-vous que chaque texte est correctement compréhensible, que chaque média audio ou vidéo a une alternative textuelle, etc.
Il est possible de vous faire accompagner dans ce travail. Réalisation de maquettes conformes, accompagnement dans le cahier des charges, recherche d’une agence de développement qui vous convient… Chez Yumens, nos experts vous aident à mettre toutes les chances de votre côté.